Le Tea-tree (arbre à thé)

Le melaleuca alternifolia est l’huile essentielle la plus utilisée en aromathérapie dans le monde. Elle arrive dans le peloton de tête avec Lavande et Ravintsara au niveau des ventes en pharmacie en France.

Très demandée aux USA et en Allemagne, elle est parvenue plus tard en France. Je dois avouer que c’est mon ami Daniel Pénoël qui, de retour d’Australie me l’a fait apprécier car j’étais imperméable à son odeur.

L’arbre est originaire d’Australie où il pousse à l’état sauvage et c’est là que se sont développées primitivement, les études sur sa culture, ses propriétés et son utilisation.

La grande famille des myrtacées englobe de nombreux genres comme les eugenia (girofle), les psidium (goyavier), les eucalyptus, dans lesquels on trouve les arbres les plus grands du monde (eucalyptus amygsalina), les corymbia, les pimenta,  et les mélaleuca dans lesquels on trouve les espèces niaoulis (mélaleuca quinquenervia) et son jumeau le cajeput. Le terme tea tree ou arbre à thé concerne plusieurs espèces utilisées en tisane comme le  rosalina, (melaleuca ericifolia), le leptospermum scoparium (manuka), le kunzea…

Illustration du Tea Tree ( Melaleuca alternifolia ) , arbuste aux feuilles fines et aromatiques.

Mais le véritable arbre à thé c’est le melaleuca alternifolia. C’est un arbre à feuilles persistantes qui pousse jusqu’à 6/7 mètres environ avec un port tortueux de danseur, des feuilles très rigides et serrées qui ressemblent à des aiguilles, des fleurs blanches en écouvillons verticillés et des graines fines comme de la poussière (plusieurs milliers par gramme). Il aime le climat tropical ou subtropical assez arrosé voire les marais.

J’ai entendu que c’est le capitaine Cook qui l’a décrit et nommé arbre à thé en 1777 lors de sa deuxième expédition où il explique que les feuilles étaient ajoutées à la bière brassée sur place pour lui enlever l’amertume mais c’est aussi son utilisation en tisane qui l’a fait apprécier et dénommer arbre à thé.

Les études scientifiques ont montré dans les années 20 le pouvoir antiseptique de l’huile essentielle en prouvant sa supériorité par rapport au phénol, puis ses propriétés antifongiques furent reconnues officiellement sans oublier que le produit ne présentait aucune toxicité et l’Australie prit très au sérieux la production de l’huile essentielle qui augmenta en importance face à l’utilisation nouvelle.

La découverte de la pénicilline par Flemming qui obtint un prix Nobel, et l’arrivée des antibiotiques fit passer au second plan les médecines naturelles jusqu’à une prise de conscience d’une nouvelle pollution des médicaments de l’industrie et de l’inutilité des antibiotiques dans de nombreuses pathologies.

Nous pouvions donc imaginer dans les années 70 et 80 un retour aux remèdes naturels.

Lorsque j’ai décidé de planter du tea tree à Madagascar j’ai eu le choix d’acheter des graines en France, chez Vilmorin, à 8€ le gramme ou en Australie dans une ferme bio à 62 dollars le gramme. Je me suis demandé ce qui justifiait la différence et j’ai choisi le meilleur ; il est vrai que si on veut faire quelque chose de beau il faut se donner les meilleures chances de réussir. J’ai donc commandé 20 grammes en Australie, qui, en ajoutant les frais de certificat phytosanitaire, les droits d’importation et l’expédition avec assurance, m’ont coûté une fortune.

J’avais mon enveloppe de graines bien légère…

Pépinière de tea tree

J’ai cherché comment faire mes semis car personne ne m’avait communiqué de méthode et le pays étant différent il me fallait apprendre ou réapprendre une nouvelle agriculture et l’adapter à notre terre.

 J’ai récolté des cendres de bois je les ai tamisées très fines pour y mélanger mes graines de manière homogène. J’ai fabriqué des tables en bois avec un petit rebord de 2cm sur lesquelles j’ai répandu un mélange de terre, compost, sable de rivière et tourbe blonde. Délicatement, j’ai semé mon mélange de graines et je l’ai arrosé aussi délicatement avec un spray à vitres rempli d’eau. Et attendu, attendu, ça ne venait pas… inquiétude sévère… analyse ? j’avais installé mes semis à la ferme au bord de l’océan indien il faisait très chaud et j’ai pensé qu’il fallait acclimater nos graines. Je les ai mises au frigo pour leur faire croire que c’était l’hiver et provoquer une dormance qui favoriserait la germination puis j’ai pensé que je pourrais changer d’endroit comme pour le Ravintsara qui germe mieux en altitude. J’ai donc transporté mon installation à Fianarantsoa à 1100 mètres d’altitude où nous avons un endroit, et réitéré le processus mais cette fois avec succès. Nous avons observé avec un plaisir immense les pousses toutes fines d’un vert tendre magnifique puis nous les avons prises à la petite cuillère et placées dans des plaques alvéolées et transportées à la ferme où sur place on les a rempotées dans des godets plus grands en attendant le repiquage.

Le terrain préparé à la ferme était une partie plane que nous avions dessouchée et avions pratiqué des trouaisons remplies de compost pour y mettre nos plants de tea tree que nous avons protégés avec des branchages car les fortes pluies auraient pu les abîmer.

Notre tea tree a poussé, bien surveillé, arrosé au début nettoyé au pied, puis quand il a mesuré 2m de haut au bout d’un an environ, nous l’avons récolté.

Il s’agissait d’une tige centrale assez forte garnie de banchage plus fin porteur de petites feuilles ressemblant à des aiguilles.

Un ami australien m’avait expliqué qu’il fallait le couper à ras du sol et que ça repoussait sans problème ou qu’on les remplaçait par de nouveaux pieds. Cette méthode ne me convenait pas vraiment car je les aimais trop pour les traiter de manière industrielle.

Nous les avons récoltés en les coupant au-dessus d’un œil (départ potentiel de branche) et en biais pour que l’eau ne stagne pas sur la tranche du bois. Tout est manuel.

Ils ont aimé notre méthode car ils sont tous repartis en offrant le double de végétation. Nous avons ébranché nos petits arbres pour les placer dans l’alambic et le résultat a été fantastique. Le parfum car on ne peut plus parler d’odeur, était très doux et très agréable pour un tea tree qui habituellement secoue les sens.

Aujourd’hui cela fait près de 15 ans que j’ai planté mes premiers arbres et nous les avons menés de la même manière en les laissant grandir un peu plus chaque année. Ils ressemblent à des ceps de vigne et leurs racines se sont enfoncées profondément dans la terre, leur apportant l’eau et la nourriture dont ils ont besoin, ils produisent énormément de feuillage et c’est un vrai bonheur de les voir.

L’expérience a montré que la période novembre décembre offre la meilleure production d’huile essentielle en quantité et en qualité. Notre rendement est de 15kg d’huile essentielle pour une tonne de feuilles. Pour l’instant nous ne conservons pas l’hydrolat à cause des coûts de transport mais j’ai prévu de faire des essais.

Préparation du tea tree avant distillation
Huile essentielle de tea tree

En Australie, en Afrique du Sud, au Kenya et au Zimbabwe, on trouve des plantations industrielles dans lesquelles les machines coupent le tronc au ras du sol ; il est broyé feuille et bois, et ensilé dans des containers cubiques qui servent de cuves de distillation. Arrivé au bout du champ, ils reçoivent un couvercle et la vapeur est introduite pour arracher l’huile essentielle à la plante.. Je dis arraché, c’est un terme brutal mais qui convient parfaitement à ces méthodes.

La qualité du tea tree est définie par les australiens qui ont classifié l’huile essentielle en trois grades. Le grade A doit contenir mois de 5% de cineol, le B moins de 10% et le C moins de 15%.  Il a été remarqué qu’un taux important de cineol dans l’huile essentielle de tea tree peut être responsable d’une irritation cutanée alors que le cineol lui-même n’est pas irritant. Ce sont certainement d’autres molécules favorisées par la présence du cineol comme l’aromadendrène qui en seraient responsables

Le tea-tree de bonne qualité ne présente aucun danger cutané.

Notre huile essentielle contien à peine 2% et nous situe dans les meilleurs crus de tea tree.

Les molécules actives majoritaires présentes dans l’huile essentielle sont sont principalement le terpinène-4-ol dont le % définit la qualité médicale, le x-terpinène, le y-terpinène, puis de petites quantités de Para-cymène, x-terpineol, terpineol,

Les propriétés de l’huiles essentielle et ses applications sont nombreuses.

Le tea-tree est antiseptique, antiparasitaire, antifongique, antibactérien, et même antivirale comme son cousin le niaouli (action sur le virus HVZ herpès, varicelle, zona)

Le tea tree est efficace contre puces, punaises, poux (tea tree en association avec huile de coco qui asphyxie ces parasites), tiques et moustiques.

Son action sur les mycoses, trichophyton, aspergillus niger, etc est remarquable.

Action sur les défauts de la peau, acné, boutons, cicatrisant exceptionnel sur plaies ouvertes, abcès, bactéries diverses, staphylocoque doré, escherishia coli, pseudomonas, aphtes, gingivite, gale, verrues, piqures d’insectes, impétigo…

Pour les soins gynécologiques sous forme de gélules à la glycérine à raison de 20mg par gélule (étude du Dr Belaiche sur candida albicans en 1985)

L’huile essentielle peut être appliquée pure sur la peau sans danger et peut être utilisée sur brûlures et les plaies sans être diluée en apportant une sensation de fraîcheur agréable. J’ai fait l’expérience d’une plaie sur le crâne qui saignait abondamment, j’ai versé un flacon presque entier de 10ml sur la plaie en appliquant la main pour tenir les prods de la plaie et quand deux heures plus tard je suis arrivé chez un médecin pour constater les dégâts, celui-ci fut surpris car la plaie s’était refermée en partie. Il a mis quelques agrafes pour consolider la cicatrisation mais très rapidement on ne vit plus de traces de la blessure.

Le tea tree est intéressant en massage dilué dans une huile grasse comme l’amande douce, l’olive ou l’huile d’abricot. On peut aussi s’en servir pour des compresses en tant qu’anti-inflammatoire pour refroidir un muscle.

L’utilisation en bain pour la peau est recommandée en solution dans un savon liquide. J’ai entendu des recettes de bain dans lesquelles l’huile essentielle devait être diluée dans de l’huile ou du lait en poudre, ou du jaune d’œuf, c’est très théorique et inefficace. Personnellement j’utilise du liquide vaisselle à fort pouvoir tensio-actif car l’huile essentielle a tendance à les faire déviscoser, par conséquent il est préférable d’utiliser du concentré.

Le tea tree en diffusion dans l’atmosphère est un garant de la bonne santé de la famille pendant l’hiver et les épidémies et possède une action rassurante sur le psychisme

Il existe tellement applications du tea tree qu’il faudrait écrire un ouvrage uniquement sur le tea tree que ce soit au niveau médical humain et vétérinaire qu’au niveau domestique pour l’entretien de la maison, quelques gouttes dans le liquide rinçage du lave-linge, au niveau des filtres de climatisation, dans l’eau de lavage des sols, pour désinfecter et générer une atmosphère purifiée tout autour de vous. En résumé un flacon de tea tree devrait être recommandé dans chaque maison voire obligatoire.

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